Il neigeait. On était vaincu par sa conquête.
Pour la première fois l'aigle baissait la tête.
Sombres jours ! l'empereur revenait lentement,
Laissant derrière lui brûler Moscou fumant.
Il neigeait. L'âpre hiver fondait en avalanche.
Après la plaine blanche une autre plaine blanche.
On ne connaissait plus les chefs ni le drapeau.
Hier la grande armée, et maintenant troupeau.
On ne distinguait plus les ailes ni le centre :
Il neigeait. Les blessés s'abritaient dans le ventre
Des chevaux morts ; au seuil des bivouacs désolés
On voyait des clairons à leur poste gelés
Restés debout, en selle et muets, blancs de givre,
Collant leur bouche en pierre aux trompettes de cuivre.
Boulets, mitraille, obus, mêlés aux flocons blancs,
Pleuvaient ; les grenadiers, surpris d'être tremblants,
Marchaient pensifs, la glace à leur moustache grise.
Il neigeait, il neigeait toujours ! la froide bise
Sifflait ; sur le verglas, dans des lieux inconnus,
On n'avait pas de pain et l'on allait pieds nus.
Ce n'étaient plus des cœurs vivants, des gens de guerre ;
C'était un rêve errant dans la brume, un mystère...
Que c'est beau ! Le mystère de l'écriture (quand elle est magnifique) c'est de transformer l'horreur en un texte admirable...
RépondreSupprimerJ'ai retrouvé, au fil de mes recherches, deux porteurs de mon patronyme (lointains ancêtres) qui ont reçu la Médaille de Sainte-Hélène. Il faut imaginer ce que furent les longues années (8 ans pour l'un d'eux, par exemple) de campagnes militaires, passées loin de chez eux. Ce devait être aussi difficile pour le militaire que pour sa famille...
Voici le site des Médaillés de Sainte Hélène, sur lequel on peut faire ses propres recherches. Mais aussi consulter des documents fort intéressants :
RépondreSupprimerhttp://www.stehelene.org/php/accueil.php?lang=fr