C’était il y a bien longtemps, à la plage du camping de Palavas-les-Flots. A cette époque j’avais 3 ou 4 ans, j’étais une vraie princesse.
J’étais l’enfant, j’étais l’unique, j’étais la première. On ne me laissait jamais jouer seule sur la plage, armée de ma troupe de chevaliers, mon père ce héros et mes Tontons farceurs, je détruisais majestueusement tous les patés de sable qui n’étaient pas conformes, retardant impitoyablement la construction des remparts de l’enfance.
Un jour pourtant, je suis restée seule et je l’ai vu. Il était blond, il était p’tit, il était beau, il sentait bon le sable chaud… Musclé, incroyablement romantique, terriblement sensuel dans son maillot d’bain qui manquait d’élastique, tartiné d’huile cosmétique, il me demanda :
« Tu veux zouer au sable »
C’était la première fois qu’on m’draguait. Sensation nouvelle exaltante, trop timide pour répondre, certaine d’être désirée, j’ai lancé mon premier regard noir sur ses yeux clairs et nous avons rempli nos p’tits seaux ensemble. Le donjon prenait forme, nos mains maladroites tapaient l’une l’autre sur ce sable trop chaud, trop sec pour en tasser les grains, et soudain …. Sous mes yeux incrédules, ahuris mais néanmoins secrètement interpellés, dans la chevaleresque intention de ne pas voir s’écrouler le prochain édifice, il sortit son p’tit appareil et fit…. Pipi dans l’seau !!!!!!!
Je ne sais quoi de la nouveauté anatomique, du liquide aromatique, ou de l’incroyable légèreté d’un être déjà trop flemmard pour faire trois pas pour trouver l’eau salée, futur pétaradeur impénitent, mais je pris mes jambes à mon cou et me blottis dans les bras de ma p’tite maman, à jamais déçue des princes charmants.
Maman, vous la connaissez, ça l’a fait hurler de rire. Maman elle est comme ça, elle rit. Elle en a vu d’autres à mon âge ( elle en a toujours vu d’autres à mon âge, c’est casse-pied à force, mais ça aide à tenir). Elle a grandi à une époque où le ciel était si lourd que les étoiles s’accrochaient aux manteaux des petites filles, dans une théorie des nuages apocalyptique.
Alors, avec le même sourire, j’ai ravalé pour les amours à venir, mes larmes et mes chagrins, à jamais fragile comme un château de sable…..
Ce p'tit billet avait été écrit en Echo à Michelaise et ses amours Grenadine, Odile et son enfance bretonne. pour faire Echo au ChallengeAZ de Généalogie dans lequel je me suis engouffrée, j'ai choisi histoire, de corser l'affaire, de soutenir le même défi à travers les trois blogs. C'est l'occasion de remettre à l'honneur quelques écrits que nous avons partagés et que j'aime encore et qui donnent l'occasion de mieux me connaître, comme un prolongement généalogique au présent ou au passé proche.
Amis lecteurs et bloggeurs certains d'entre vous auront plaisir à relire les commentaires...
Grâce à vos commentaires on aura peut-être ...Un p'tit plus pour le tout !
Ah, il est joli ton billet Lulu !
RépondreSupprimerMerci Anne ! J'aimerais bien que tu remettes en haut de l'affiche certains de tes billets, tu nous a fait partager des émotions fortes ! Bises.
SupprimerMagnifiquement raconté, merci Gloria !!
RépondreSupprimerAZ pour les 3 blogs, mais elle est folle ;)
;-))) Il manque le blog d'Availles...
SupprimerUn bien beau billet. Un poil nostalgique ?
RépondreSupprimerMerci Elodie ! Ce billet me met dans la tête la chanson de Michel Jonaz "On allait au bord de la mer"...
Supprimerc'est beau et ça fait plaisir ...
RépondreSupprimermerci.
AAAAAAAAAhhh quel joli billet !
RépondreSupprimerMerci Anne, faire sa généalogie c'est aussi un peu préparer ce qu'il restera de nous. J'aimerais bien que mes p'tits enfants ou mes arrière petits enfants retrouvent ce billet qui leur parlerait de moi, mais aussi de mon père, de mes oncles... C'est un peu ce que je cherche lorsque je livre ici des p'tits morceaux de ma vie...
SupprimerMerci pour la dédicace, j'en suis toute émue !! Et tu es si belle dans les bras de ton "nouvel" amour !! Quant à ton premier prince charmant, il me semble que tu nous avais déjà permis de nous extasier sur son maillot qui pendouillait !! le pauvre, un vrai maillot d'époque, en laine bien lourd quand il est gorgé d'eau...
RépondreSupprimerEn attendant, je relis cette histoire avec le même plaisir que la première fois, souriant à la réaction de ta maman, et émettant un vague doute à l'idée de ta fragilité "comme un château de sable" !! Bon lundi de Pâques Lulu...
Je le relis avec le même plaisir ,la même émotion
RépondreSupprimerBises Lulu
Oui, oui, je me souviens bien de ce maillot très sexy de ton premier amoureux !!!
RépondreSupprimerAh les amours de plage !!!!!
A comme Amour premier !!!! Belle donne !!!! A suivre !!!
Bonne soirée
Martine, Brigitte, Michelaise, Annick, je suis très émue que vous vous souveniez de ce post. Je l'ai écrit grace à vous ! Je n'aurais jamais écrit ça sans la vie des blogs, sans ces échanges, ces rondes, ces moments d'intime... C'est ça que j'avais envie de montrer à travers cet abécédaire, tous ces écrits, qui n'ont pas été lus par nos proches et qui nous ressemblent tant, qui parlent si bien !
RépondreSupprimerBon allez faut que je lache le clavier...
Bises à tous !
Oui oui, je m'en souviens du maillot si sexy :-))
RépondreSupprimer"Alors on regardait les bateaux
On suçait des glaces à l'eau
Les palaces, les restaurants
On n'faisait que passer d'vant
Et on regardait les bateaux
Le matin, on s'réveillait tôt
Sur la plage, pendant des heures
On prenait de belles couleurs"
Voilà c'était nos vacances à nous aussi, en Bretagne ou ailleurs, et c'était drôlement bien ;-) Bises Lulu.
Bonsoir Lulu. Je viens de chez Michelaise qui a mis un lien vers cet article. J'ai craqué bien sûr pour le joli maillot de bain de ton dragueur de la plage, mais j'ai surtout craqué pour ta façon d'écrire. C'est un très beau billet que tu as signé là. Rien n'y manque : ni la drôlerie, ni l'émotion et ni la poésie. Merci pour ce très beau partage et bonne soirée à toi.
RépondreSupprimerPardon Oxygène pour cette réponse tardive ! Coté rangement, les commentaires n'en font qu'à leur tête depuis quelque temps !
SupprimerMerci pour ces compliments ! Au delà de la bonne humeur, de la complicité, de l'empathie partagée de blog à blog, et qui justifie amplement le succès de cet outil, il y a ces moments d'écriture qui se révèlent, qui vont chercher loin dans la mémoire, dans l'enfance, des p'tits riens dont nous gardons intacte toute la saveur. Avoir l'occasion de mettre ça en mots c'est vraiment un plaisir, une chance !
C'est amusant d'ailleurs de voir que comme parfois, ou comme souvent, nous partageons ces émotions, plus, parfois mieux qu'avec notre entourage proche !
Moi aussi j'adore ce billet et je te promets TOUT est absolument véridique !
Bises.