voici la plus ancienne photo de moi, j'ai trois jours.
Je suis née le 31 Décembre 1956 à la Clinique des Bluets, Paris 11ème, la clinique des métallos. Un établissement bien particulier puisqu'il fût le premier en France, à l'initiative du Professeur Lamaze à instituer "l'accouchement psychoprophylactique ou accouchement sans douleur".
Cette méthode révolutionnaire à l'époque provenait d'URSS et reposait sur la compréhension par l'accouchée des différentes étapes de la mise au monde, la maitrise de sa respiration et sa participation active.
Cette expérimentation, puis sa généralisation, sont dues à la conjonction de trois facteurs : l'engagement militant et financier de l'Union des Syndicats des métallurgistes de la Seine, l'équipe motivée et compétente de la maternité des Métallurgistes, l'adhésion enthousiaste des femmes dès 1952, avec l'effet propagande des " premières accouchées sans douleur ", relayé par la CGT, l'Union des femmes françaises, le PCF. L'équipe des Bluets met en place un dispositif pédagogique de préparation à l'accouchement sans douleur conçu comme une suite logique d'entretiens théoriques et de séances physiques, collectifs. Fait révolutionnaire, les pères sont invités à participer à ces " cours ".
Très vite, les besoins matériels et d'accompagnement se mesurent en locaux, temps médical et para-médical, en formations spécifiques, en moyens d'information et de communication de masse. L'UFM s'engage sans hésiter dans l'aventure et fait l'effort financier pour que la clinique des Bluets réussisse : " Tout le monde se mit au travail… chacun a son rôle à jouer pour que dans toute la maison règne une atmosphère de calme, de tranquillité… L'ensemble du personnel de la maternité des Métallurgistes se donne à fond à cette tâche…l est évident que tant pour la préparation que pour la réalisation même de l'accouchement, il fallut faire appel à du personnel supplémentaire, par rapport aux méthodes employées précédemment ". (François Le Gay, directeur du Centre de santé des Métallurgistes, juin 1953). Les réactions ne se font pas attendre… À deux reprises, Lamaze et Vellay sont traduits devant le Conseil de l'ordre des Médecins ; ils seront blanchis en 1954.
Pie XII crée la surprise, le 8 janvier 1956, en prenant position en faveur de l'ASD devant sept cents gynécologues et médecins. Il déclare : " la méthode est irréprochable du point de vue moral
Je suis assez fière d'avoir suivi in utéro mes premiers cours par ce féministe et d'avoir en naissant eu la première bonne note de ma vie ;-)
Je suis très fière du choix de ma mère, le choix d'une jeune femme de progrès, marchant dans ses pas 26 ans plus tard, je chercherai où accoucher avec cette péridurale qui cette fois révolutionna la donne par son efficacité antalgique. Ce sont ces progrès successifs, portés par les médecins, soutenus par les femmes qui offrent à nos filles un vrai choix. Puissent-elles préserver cette diversité qui est la seule garantie de qualité.
Source : http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/celebrations2002/lamaze.htm
Alors qui me reconnaitrait dans la rue ?
Bravo ! Mazette Lulu, un "bébé Bleuets" ! ça a de la classe ! :))
RépondreSupprimerSuperbe la p'tite Lulu ! Et déjà à la pointe du progrès. Merci pour cette récap historique passionnante. Moi aussi j'ai eu 10 sur 10 :-))
RépondreSupprimerEt merci aussi d'être entrée dans la ronde ;-)
Bises.
Normale qu'une Lulu soit toujours en avance sur son temps. Elle voyage en balai, c'est pas déjà un signe. Grosses bises ma Lulu
RépondreSupprimerSans blague Odile ??? Toi aussi tu es née aux Bluets ?????
RépondreSupprimerLes accouchements étaient vraiment notés. On demandait à la jeune accouchée de rédiger un compte-rendu et d'y exprimer son ressenti. Avec maman, nous avons dit qu'il était abusif de parler d'accouchement sans douleur, il s'agissait d'une maitrise de la douleur, mais... il fallait encore progresser ;-)
De cet esprit critique là aussi, qu'elle m'a transmis, je suis tellement fière !
Et je suis fière aussi de rendre hommage à ces femmes du peuple, ces travailleuses qui ont gagné les progrès de la science, gagné les progrès de la femme... J'y reviendrai.
Bonjour, je découvre ce blog en passant par celui de Canotte "Cuisine en campagne" et je tombe vraiment bien..
RépondreSupprimerJ'ai beaucoup aimé lire cette aventure de naissance dans de telles conditions, dans les années 50, grâce à l'engagement militant d'hommes et de femmes, considérant qu'un
progrès médical va de pair avec un personnel plus important, compétent et formé.
Si on pouvait rester dans cette optique... 50 ans plus tard : quel recul !
Bravo et merci pour ce témoignage.
Bravo! je répète : B.R.A.V.O., bravo, bravo, bravo!!!!!!!!
RépondreSupprimerDe ta naissance tu nous concoctes une page historique...
En retrouvant ces premières photos que je n'avais pas vues depuis....Toute une période de ma petite enfance m'est apparue comme un rêve!C'est si loin et pourtant si présent!
Bonne journée, à bientôt
Si beau Bébé.
RépondreSupprimerL´accouchement sans douleur, une grande approche afin de limiter les douleurs de la femme... Rappelez-vous ?
Bonne journée
Non Lulu, quand même pas, ce serait vraiment too much :-)) Je parlais plutôt du score Apgar, apparu en 1952/53... Pour le score de la maîtrise de la douleur, si ma mère avait dû noter, ça friserait le zéro pointé, la preuve ? elle en hurle encore :-)) Je suis née dans le 10e, peut-être hopital Lariboisière ? Je vérifierai.
RépondreSupprimerTu as bien raison de rendre hommage à ces femmes courageuses et combattives. et bien de la chance d'avoir eu une maman tellement "porteuse".
Bises
Allons bon, les bébés sorcières ressemblent à s'y méprendre à de "vrais" bébés... Et quel manifeste Lulu, la vraie révolution c'était la présence des papas, présence devenue à tel point incontournable que pas un seul papa ne raterait ce moment... même si la maman n'est pas hyper chaude, cela arrive !!
RépondreSupprimerEnfin bravo pour ta participation riche et circonstanciée, sorcière oblige !!
Certains papas ne sont pas chauds du tout non plus ! J'en connais même qui vomissent de trouille, et j'en connais aussi qui s'évanouissent, de telle sorte que la future maman est obligée de prendre un taxi pour aller à la mater... Mais combien de pères se sentent désormais "obligés" d'y être et combien de mères n'osent pas leur dire que, non vraiment, c'est pas trop une expérience qu'on aimerait partager pour cause de tue-glamour ??
RépondreSupprimerMais c'est un autre débat. Pourtant la conclusion pourrait être la même que celle du débat que nous avons eu récemment à propos de l'allaitement : si on laissait à chacun, à chacune le choix de faire comme il sent et ressent, plutôt que de dire tout le temps "il faut que" ?
Ah oui Odile, en effet sacrée Virginia Apgar, une belle invention ce score d'Apgar, je la mettrai en lien ! La maternité de Larib' je l'ai connue dans les années 75, il y avait encore des salles communes !
RépondreSupprimerMerci Alba, Enitram, Josy-Coccinelle (et bienvenue à toi), Tataze, Anne et Michelaise pour votre enthousiasme.
Ma mère a aimé me raconter cette histoire de l'accouchement sans douleur, on y sentait cet engagement des femmes, ces revendications que l'on retrouve dans les documents qui racontent l'histoire de Lamaze et des Bluets, et j'aime tant raconter ça à mes filles. Cette maternité a été de toutes les avant-garde, plus ou moins heureuses et farfelues, accoucher en piscine (maman, j'ai peur quand j'ai pas pied), en musique (les walkyries pour l'expulsion, la marche funèbre pour les complications), debout, assise, à quatre pattes, de coté, en sautant à l'élastique.... mais nan j'plaisante...Bref, Lénine réveille-toi ;-)
Pour moi la vraie révolution Michelaise n'est pas l'arrivée des papas, la révolution ce sont les cours d'accouchement, tout ce qui permet à la femme de maitriser ce qui se passe à ce moment là, ce qui n'est possible que parce qu'avant on lui a expliqué le déroulement des étapes. Madame du Coudray (sage-femme des lumières) avait fabriqué sa poupée pour enseigner les sage-femmes du pays. Lamaze la reprend pour enseigner les femmes, d'objet de soin elles deviennent sujet. Le travail, l'expulsion, la délivrance sont autant d'occasions d'une relation particulière instantanée, inopinée entre un médecin (ou une sage-femme, parfois inconnus) et une femme. La femme qui accouche devient sujet, elle sait expliquer ce qu'elle ressent,on l'informe des cm de la dilatation, on l'encourage dans l'avancée, on la prépare à des manoeuvres difficiles, on lui montre à l'aide d'un miroir l'imminence de l'arrivée de son petit, elle s'arrête de pousser, ce qui n'a rien d'évident hein (?) parce qu'elle a appris qu'ainsi elle va préserver son corps, éviter les déchirures, on lui parle, elle calme son stress, ses cris, et elle peut entendre, parler, aider, comprendre. La vraie révolution pour la femme est celle-là.
Faire rentrer les pères (qui participaient bien souvent à l'accouchement lorsqu'il était à domicile avant, c'est l'hopital qui les éloigne), c'est une révolution pour les pères, oui. Cette présence n'est pas toujours une évidence pour eux, là aussi il y aurait matière à réflexion pour de nouveau sans culpabilisation laisser un vrai libre choix.
ça faisait longtemps que j'avais envie de parler de Lamaze, encore un homme à femmes celui-là, merci, merci de m'en avoir donné l'occasion !
Ben voilà on l'a dit en choeur Odile ;-)
RépondreSupprimerAllez je file faire un p'tit tour dans toutes les maternités qui fleurissent à qui mieux mieux de blog en blog !
Bises
Je n'ai même pas trouvé une photo de la petite Martine dans les bras de sa maman à la maternité.
RépondreSupprimerEn tout cas j'ai bien ri quand tu nous racontes les différentes façons d'accoucher... "en musique"!!!
A bientôt
Sacrément éveillé le bébé pour 3 jours!!!
RépondreSupprimerCette Lulu c'est vraiment un phénomène.
Moi je peux te dire que malgré tous les cours d'accouchement sans douleur,la sophro qui était à la mode quand j'ai accouché,j'ai plutôt eu l'impression d'être au milieu d'une mêlée dont je ne maîtrisais pas grand chose!!!!
Heureusement il y avait un bon arbitre!!!!
Moi j'te reconnaitrai dans la rue maintenant que j't'ai vue !!!
RépondreSupprimertu es très jolie et les yeux déjà grands ouverts sur le monde .
Accouchement sans douleurs je l'aurai bien voulu pour ma fille ...La péridurales et autres anesthésies n'ont pratiquement pas d'effets sur elle ...
Merci de toute cette réca Lulu
Bon week-end
Un accouchement d'avant-garde... et après cela on dira que les vieux sont out !!!
RépondreSupprimerBonne soirée.
Ah oui Brigitte, tu as vu comme on se reconnait facile !!!
RépondreSupprimerBien d'accord Marité, bienvenue et merci à toi !
Bien d'accord, malgré les leçons, les techniques, certains accouchements restent de sacrées batailles, quand la vie gagne c'est un soulagement et en effet Aloïs, l'essentiel c'est l'arbitre ;-)
Bon WE !
N'oubliez pas les sages-femmes dans les petites communes. Ma mère a accouché de trois enfants à la maison, avec l'aide d'une sage-femme et la dernière à la maternité.
RépondreSupprimerMon père était là à chaque fois et a aidé ma mère à mettre au monde la n° 3 car ma soeur "arrivait" : heureusement qu' il avait assisté aux deux précédents accouchements (mon frère et moi-même).
Mon père était très proche de ses enfants et aidait ma mère à la maison ne serait-ce que la vaisselle et n'hésitait pas à changer nos langes par exemple. A l'époque, ce n'était pas du tout dans les mentalités surtout dans les patelins . Ce n'était pas la place d'un homme, son rôle en quelque sorte, en gros, ce n'était pas forcément bien vu, loin de là ...
Les accouchements étaient douloureux à moins d'avoir de la chance. Il fallait serrer les dents, surtout ne pas crier,rester digne et ... prier. Le prètre n'était jamais loin... au cas où !